Another bunch of goddam' books

Publié le par Altrast

Et oui, je continue à lire. Pour dire le vrai, j'ai même été pris d'une fringale de lecture que je n'ai pas pu assouvir faute de trouver les livres que j'aurais souhaité dénicher (mais bon, c'est de ma faute aussi, quelle idée de vouloir trouver un bouquin qui n'est plus édité depuis 20 ans...)

 

Ca ne m'empêchera pas de vous infliger un aperçu de certaines lectures récentes et de ce que j'en ai pensé !

 

 

On commence avec Le cercle littéraire des amateurs d'épluchures de patates, de Mary Ann Schaffer et Annie Barrows :

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Je ne savais pas trop à quoi m'attendre si ce n'est que ma maman m'avait dit "ce livre est une petite perle !"

Et en matière de lecture, j'écoute toujours ma maman. nous n'avons pas nécessairement les mêmes goûts, mais on se déçoit rarement...

Et encore une fois, je me suis fait avoir. Celles et ceux qui connaissent ma relative aversion pour la cheesy mood de certains films pourront à raison s'étonner que j'aie marché dans ce livre aussi facilement, et pourtant, oui je le redis : je me suis fait avoir. Tout doucement. Innocemment. Par petites touches. Le fait qu'on ne nous donne à lire que des lettres y a été pour beaucoup. La qualité d'écriture de ces lettres, distillant parcelles d'humour tendre, anecdotes anodines ou horribles, fut aussi un élément très apprécié. Pas de lourdeur de style, mais un simple et évident plaisir de raconter et de dérouler une galerie de personnages qui ne sont pas tous inoubliables (j'ai eu du mal à distinguer certains intervenants d'un moment à l'autre), mais qui semblent tous authentiques. Une histoire convenue, très certainement. Une fin prévisible, mais ce n'est pas cela l'important (pour une fois). L'important c'est la façon dont est traité un certain passé, comment on vit avec, comment on s'en débarrasse, comment on continue à faire bouillir des philtres magiques ou à soigner les cochons. Surtout, comment on continue à lire et à être changé par la lecture, même si on lit le même livre depuis des années.
Ce n'est pas un livre sur la lecture, c'est un livre de lecteurs qui vire au récit de tranches de vie souvent cocasses, parfois poignantes.

Sans doute pas le livre du siècle. Mais un livre qui, vraiment, instaure un sentiment riche quand on l'apprécie. Et qu'on regrette de terminer...

 

 

On part visiter notre propre monde dans une version aliénée avec Chromozone, T.1 de Stéphane Beauverger :

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Et on prend une grosse grosse claque dans la gueule. Si vous avez apprécié les deux putain de tuerie totale que sont les romans d'Alain Dammasio (thank's Lys !), vous devez comme moi être relativement confiant quand vous voyez qu'un bouquin a été édité aux éditions La Volte. Puis de toute façon, vous lisez la première page de Chromozone et vous savez que vous n'allez plus décrocher : ça envoie du bois sévère. C'est lyrique, ça pue la violence, l'injustice, la maladie et l'espoir glauque et malsain de communautés vivant repliées sur elles-mêmes depuis qu'un virus informatique a renvoyé l'humanité à l'âge de pierre. Depuis on s'est reconstruit, mais comme on aime bien se regarder le nombril, on l'a fait en suivant une myriade d'idéologies plus ou moins dogmatiques et religieuses en se faisant sponsoriser par les premiers grands cartels qui ont fait leur réapparition.
Je vous avais dit que ça sentait bon la merde à venir et le sexe bon marché avec des filles bizarres, les raids sur les usines pharmaceutiques, les zombies décérébrés, les gunfights et les émeutes sanglantes, hum ?

Et ben c'est encore mieux que ça.

La narration est assez alambiquées et tourne autour des destins pas exactement parallèles de différents personnages. On passe de l'un à l'autre, pas avec la même classe que dans La Horde, mais avec le même plaisir, surtout lors du final en forme de baroud d'honneur sanglant.
Faut aimer la tripaille politique. Et moi j'aime !

 

On change de registre (encore que...) avec un Comic's que m'a filé mon ami Chuz. Chuz, c'est un peu comme ma mère niveau lecture, mais en plus, il est rôliste, donc ne me file que des trucs de geek trop bien. Et là, après m'avoir fait lire l'intégrale de Tank Girl (je vous conseille tout, même le film tout bizarre et mal fait) avec son lot de destruction massive de tout et n'importe quoi (mais surtout d'innocents), de mutilation sexuelles de kangourous ("elle c'est Tank Girl. C'est ma fiancée. Enfin, moi je l'aime, et elle, parfois, elle met de l'eau bouillante dans mon slip") et d'ingestion de binouze, ledit Chuz me sort une BD cartonnée ornée d'un simple U.S. en rouge sur fond bleu sombre en me disant "Ker', il faut que tu lises ce truc, ça mériterait d'être utilisé dans Scion tellement c'est cool, mais j'ai dû faire des choix" :

http://multimedia.fnac.com/multimedia/images_produits/ZoomPE/2/7/4/9782809413472.jpg

On reprend une tatane de Mister T dans la face.

Un vieillard portant un haut de forme et un pantalon rayé éructe dans une salle d'hôpital. il est mis à la porte. il n'est sans doute qu'un clochard délirant.

Mais ce clochard rêve. Ou il se souvient. Il sait qu'il a été la grandeur d'une nation. il sait qu'il a fait des erreurs. il sait qu'ils ont fait, eux tous, des horreurs. Il sait qu'il a échoué. Il sait qu'il croupit dans la pisse et dans l'indifférence d'un pays dont il n'a pas su tenir les promesses pleines d'espoirs et de désir de liberté.

Il sait qu'il est coupable de tout ce qu'a fait le pays.

Il sait que l'esclavage n'a jamais été aboli malgré la victoire de l'Union.

Il sait qu'ils auraient dû prendre soin des Sauvages.

Il sait que tout est de sa faute. Et il rêve, délire ou se souvient. De tout. En permanence. De cette femme qu'il aime et qu'il a quittée (ou qui l'a quitté). Du connard qui vient de lui piquer ses bottes et son chapeau alors qu'il baignait dans son vomi. Du pauvre gamin qu'il n'a pas pu aider parce que la seule eau disponible venait d'une rivière dans laquelle les ennemis chiaient et pissaient.

Il sait que l'Oncle Sam qui défile en ce moment pour accompagner un futur sénateur n'est qu'un clown. Ou bien est-ce un rappel, un avertissement de ce qu'il est devenu, de ce qu'il aurait pu devenir ? Il sait quand on l'aide et quand on veut l'acheter. Alors il sait qu'il se battra, même s'il a déjà perdu...

 

Lisez cette BD. Elle m'a déprimé pour plusieurs jours, mais je ne regrette absolument rien (Uncle Sam de Alex Ross et Steve Darnall)

Publié dans Inspiration

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